Contexte et enjeux de l’aide internationale
Le retrait perçu de l’USAID a relancé le débat sur le modèle d’aide au développement et sur le rôle du secteur privé dans son financement. L’arrêt des activités de l’agence est interprété par certains observateurs comme révélant un vide notable dans l’aide mondiale, alors que les États‑Unis demeuraient, selon les analyses, le principal contributeur.
Impact budgétaire et tendances de financement
D’après l’OCDE, le montant de l’aide publique au développement fournie par 32 pays riches membres de l’OCDE et par l’Union européenne a reculé en 2024 de 7,1 % en termes réels, marquant une première baisse en six ans et ouvrant la voie à une dynamique potentiellement plus faible.
Des économistes et des spécialistes du développement avertissent que ces coupes se font particulièrement sentir dans les pays à faible revenu, qui dépendent fortement de ces financements pour leurs budgets de santé et d’éducation.
L’Agence française de développement (AFD), acteur majeur du secteur, a indiqué avoir perdu 50 % de ses ressources budgétaires en 2025, conséquence directe de l’effort budgétaire imposé par l’État, a révélé fin juin Rémy Rioux, son directeur général.
Analyses et avertissements internationaux
Une étude internationale avait estimé que l’effondrement des financements américains dédiés à l’aide internationale pourrait entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires d’ici à 2030 parmi les populations les plus vulnérables, dont un tiers d’enfants.
Kalpana Kochhar, directrice des politiques de développement et de finance à la Fondation Bill & Melinda Gates, a averti que bon nombre de systèmes de données mesurant les effets des politiques d’aide ont cessé de fonctionner, compliquant l’évaluation des répercussions.
Voies possibles et orientations
Pour Éléonore Caroit, ministre déléguée à la Francophonie et aux partenariats internationaux, il est nécessaire d’envisager davantage de financements privés et de repenser l’architecture et le cadre financier de l’aide internationale. Cette approche est partagée par les États‑Unis, et les membres du G7 ont annoncé une initiative visant à attirer davantage de capitaux privés pour financer les infrastructures des économies émergentes et en développement. Le besoin global est estimé à plus de 3300 milliards de francs, soit un montant équivalent environ au PIB du Japon ou de l’Inde.
Pour l’instant, les États peinent toutefois à mobiliser ces fonds. Selon Mikaela Gavas du Center for Global Development (CGD), on pourrait assister à un glissement des subventions publiques vers des investissements privés destinés à promouvoir les industries nationales. Par ailleurs, une coopération accrue entre les banques multilatérales est jugée essentielle pour accroître l’efficacité des projets d’aide, selon Odile Renaud-Basso, présidente de la Berd.
Réflexions finales et perspectives
Face à ces dynamiques, les experts appellent à renforcer la coopération entre secteurs public et privé et à redéfinir les mécanismes de financement afin de préserver l’impact de l’aide internationale, tout en assurant une meilleure efficacité des investissements dans les pays en développement et les populations les plus vulnérables.
