À partir de septembre prochain, le parcours pour devenir enseignant dans le canton de Fribourg sera exclusivement assuré par l’Université, marquant la fin de la Haute École Pédagogique (HEP). Cette transition ambitieuse a été présentée ce mercredi en présence de Sylvie Bonvin-Sansonnens, conseillère d’État en charge de la formation et des affaires culturelles, devant près de 2000 étudiants et étudiantes concernés.
Création d’une faculté dédiée à la formation des enseignants
La nouvelle entité, nommée FacEduForm, regroupe trois départements : formation à l’enseignement, pédagogie spécialisée et sciences de l’éducation, sous la direction du doyen Philippe Genoud. Cette structuration vise à regrouper sous un même toit l’ensemble des formations pédagogiques afin d’en renforcer la cohérence et la visibilité.
Un modèle fribourgeois distinct dans le paysage suisse
Fribourg rejoint Genève dans un modèle institutionnel atypique en Suisse romande. Alors que la formation des enseignants est généralement conduite par des hautes écoles pédagogiques dans les autres cantons, Fribourg a opté pour une intégration universitaire complète. Ce choix politique, établi en 2021 après plusieurs années de réflexion, permet de rassembler toutes les filières d’enseignement au sein d’une même faculté, selon les autorités cantonales.
Regroupement des filières pour plus d’efficacité et de collaboration
Jusqu’ici, une distinction était faite à Fribourg entre le diplôme pour l’enseignement primaire, dévolu à la HEP, et celui pour le secondaire I et II ainsi que l’enseignement spécialisé, qui dépendaient de l’Université. Ce fractionnement avait été critiqué dans un rapport publié en 2019 par l’Université de Saint-Gall. Pour Delphine Etienne-Tomasini, ancienne rectrice de la HEP, réunir les formations était une démarche logique afin de faciliter le travail commun entre secteurs et d’améliorer la pertinence des cursus.
Elle souligne également l’opportunité que représente cette fusion pour le bilinguisme, au cœur des spécificités linguistiques du canton. Le trajet scolaire obligatoire allant de la 1H à la 11H, unifier les diplômes permettrait davantage de synergies entre le primaire et le secondaire I.
Un dispositif pédagogique conciliant théorie et pratique
La nouvelle faculté ambitionne de renforcer le bilinguisme et la diversité linguistique au sein de ses trois filières (français, allemand et bilingue) tout en ciblant une augmentation du nombre de candidats germanophones. Malgré ce passage sous l’égide universitaire, la formation pratique, notamment les stages, restera un élément fondamental du cursus.
Selon Delphine Etienne-Tomasini, il ne s’agit pas d’une simple « académisation » : nombreuses seront les semaines dédiées aux expériences sur le terrain. L’équilibre entre savoirs théoriques, réflexions pédagogiques et enseignements pratiques est maintenu afin de garantir une préparation professionnalisante adaptée aux futurs enseignants du primaire.
Rédaction ATS avec Mehdi Piccand