Air Canada a annoncé samedi la suspension de 700 vols, conséquence directe d’un mouvement de grève de son personnel navigant. Cette situation perturbe fortement le transport aérien au Canada, touchant chaque jour des dizaines de milliers de voyageurs.

Intervention des autorités fédérales

Face à l’ampleur de la crise, le gouvernement canadien est intervenu dès samedi. La ministre de l’Emploi, Patty Hajdu, a appelé les parties à « reprendre et poursuivre leurs fonctions », tout en confiant le dossier au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI). Cet organisme indépendant pourra, après examen des arguments des deux camps, décider d’émettre ou non un ordre contraignant de reprise. Ce processus pourrait nécessiter entre 24 et 48 heures.

En attendant l’éventuelle décision du CCRI, la grève continue. Selon Air Canada, environ 130’000 passagers sont affectés quotidiennement.

Position du syndicat et demandes salariales

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), représentant près de 10’000 hôtesses et stewards, a entamé la grève dans la nuit de vendredi à samedi. Les revendications portent principalement sur une revalorisation des salaires et la rémunération des heures de travail effectuées au sol, notamment lors de l’embarquement, qui ne sont pas prises en compte actuellement.

Dans un communiqué, la représentante des agents de bord Natasha Stea a exprimé la préoccupation du personnel navigant, tout en soulignant que « travailler gratuitement n’est pas une option ».

Conséquences immédiates pour les voyageurs

Air Canada a confirmé que les annulations se poursuivraient « au moins jusqu’au dimanche 17 août en après-midi », avec un risque de perturbations supplémentaires en fonction de l’évolution des négociations. La compagnie se dit « profondément attristée » par les désagréments subis par ses clients et estime qu’il pourrait falloir entre cinq et dix jours après la fin du conflit pour retrouver un rythme normal d’opérations.

Lock-out et mesures de la compagnie

Avant le déclenchement officiel de la grève, la direction d’Air Canada avait déjà réduit ses activités et annoncé l’annulation de 623 vols, affectant plus de 100’000 voyageurs. La compagnie, ainsi que sa filiale Air Canada Rouge, a ensuite décrété un lock-out en réponse au mouvement syndical.

Contexte économique et précédent gouvernemental

Jeudi, Air Canada avait mis en avant une offre incluant un salaire annuel moyen porté à 87’000 dollars canadiens d’ici 2027 pour un agent de bord senior. Le SCFP a toutefois considéré ces propositions insuffisantes, notamment en raison de l’inflation. Le syndicat avait également refusé la proposition d’arbitrage indépendant demandée par la compagnie et par le gouvernement.

Ce conflit n’est pas sans rappeler d’autres interventions récentes de l’État canadien. En 2024, le gouvernement était déjà intervenu pour imposer une reprise du travail dans les ports et dans le secteur ferroviaire. La crise actuelle s’inscrit par ailleurs dans un contexte économique compliqué pour le pays, marqué par les tensions commerciales avec les États-Unis, qui impactent des secteurs stratégiques tels que l’automobile, l’acier et l’aluminium.

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