Une implication politique dans les enjeux géopolitiques du Moyen-Orient
Le 27 août, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a été aperçu dans le bureau ovale, aux côtés de l’ancien président Donald Trump, pour discuter des perspectives dans la bande de Gaza. Selon le journal Financial Times, la fondation portée par Tony Blair, connue sous le nom d’Institut Tony Blair, aurait été associée aux réflexions autour d’un projet controversé souvent désigné comme la “Riviera du Moyen-Orient”.
Réponse officielle et clarifications
L’Institut Tony Blair affirme avoir eu connaissance de ce plan, qui prévoit de déplacer de force des populations palestiniennes, mais dément toute participation à sa conception ou à son approbation. Il apparaîtrait simplement comme un observateur ou un intervenant indirect dans ces discussions, selon ses déclarations.
Contexte et antécédents de l’engagement de Tony Blair dans la région
L’implication du fondateur de l’Institut Tony Blair en Méditerranée n’est pas une surprise pour certains experts. Pauline Schnapper, professeur en civilisation britannique à l’Université Sorbonne Nouvelle, rappelle que Tony Blair a soutenu la politique de la guerre en Irak menée par George W. Bush, et a également occupé le poste d’émissaire du Quartet pour le processus de paix au Moyen-Orient, représentant l’ONU, l’Union Européenne, les États-Unis et la Russie. L’ancien dirigeant travailliste a quitté ses fonctions politiques en 2007 avant de fonder son institut en 2016.
Objectifs et activités de l’Institut Tony Blair
L’organisation se présente comme neutre et à but non lucratif, avec pour vocation d’assister gouvernements et dirigeants dans la prise de décisions stratégiques. Elle cherche notamment à favoriser la création de partenariats avec le secteur privé. Parmi ses réalisations, l’institut indique avoir permis à 50 000 citoyens rwandais et malawites d’accéder à une connexion Internet haut débit via le réseau satellite Starlink, propriété d’Elon Musk.
Critiques et enjeux liés à l’indépendance de l’institut
L’activité de l’Institut Tony Blair est souvent mise en cause par la communauté scientifique et certains analystes. Ses rapports, notamment en matière climatique, sont perçus comme favorisant les intérêts des grandes entreprises technologiques et pétrolières. Selon Alberto Alemanno, professeur de droit à HEC Paris et fondateur de The Good Lobby, ces organisations sont souvent liées à d’anciens décideurs, qui proposent des services payants dans un cadre de diplomatie privée.
Exemples de relations commerciales controversées
Par exemple, Tony Blair aurait conclu des accords lucratifs avec des États comme l’Arabie saoudite et multiplierait les contrats en Afrique avec des régimes peu respectueux des droits humains ou dont la légitimité est contestée, en particulier à la suite du coup d’État militaire au Mali, comme le révèle une enquête du Monde Diplomatique. Parmi ses principaux mécènes figurent Microsoft et Larry Ellison, créateur d’Oracle, avec un don de 100 millions de dollars, qui constitue la moitié des financements de l’institut.
Une tendance préoccupante à la militarisation des réseaux d’influence
Avec environ 900 employés et la présence de figures telles que l’ancien président du Conseil italien Matteo Renzi ou l’ex-Première ministre finlandaise Sanna Marin, l’Institut Tony Blair symbolise cette expansion. Selon Alberto Alemanno, de nombreux anciens responsables politiques se reconvertissent dans le secteur privé après leur mandat, privilégiant des activités commerciales plutôt que la simple rédaction de mémoires ou l’engagement dans des ONG traditionnelles.
Une généralisation des think tanks à activités de lobbying
Depuis 2000, plusieurs figures politiques, dont Madeleine Albright et Anders Fogh Rasmussen, ont créé leur propre structure d’influence, contribuant à une tendance qui, selon certains, alimente la convergence entre diplomatie officielle et diplomatie privée. Selon le spécialiste, la majorité des pays occidentaux compterait ainsi plusieurs de ces organisations, souvent peu transparentes, actives dans le domaine de la stratégie globale et du lobbying.