Suspension de deux cadres au centre éducatif de détention pour mineurs de La Clairière
Situé à Satigny, le centre éducatif de détention et d’observation pour mineurs, connu sous le nom de La Clairière, fait l’objet de mesures internes depuis ce début de semaine. Ce lundi matin, le directeur adjoint ainsi que l’éducateur responsable du secteur observation ont été temporairement mis à pied, en attente des conclusions d’une enquête administrative en cours.
Réactions du personnel et cadre syndical
Selon plusieurs sources internes, cette décision a été accueillie favorablement par une large partie des employés du centre. Nicolas Allaz, représentant du syndicat UPCP (Union du personnel du corps de police) en charge des questions liées aux établissements pénitentiaires, souligne un certain soulagement ressenti parmi les équipes. Il ajoute que la conseillère d’État Carole-Anne Kast s’est récemment impliquée dans le suivi du dossier, confirmant une prise en charge de la situation par les autorités compétentes.
Un contexte de tensions et de difficultés persistantes
Les troubles au sein de La Clairière ne sont pas récents. En avril dernier, la Tribune de Genève rappelait un taux d’absentéisme élevé parmi les éducateurs, avoisinant les 20% dans les secteurs observation et détention préventive. Par ailleurs, le centre a connu plusieurs départs successifs, avec huit démissions recensées entre mars 2023 et début 2024, ainsi que six en 2022. Ces chiffres témoignent d’un contexte de mal-être, attribué par plusieurs sources à une gestion jugée « très contrôlante et infantilisante ».
Des signalements avaient été remontés à la hiérarchie à propos du management du directeur adjoint et de l’éducateur du secteur observation, entraînant la mise en place de la procédure momentanée de suspension le temps de l’enquête.
Un appel au respect de la dimension humaine dans la prise en charge
Nicolas Allaz met en avant que l’origine de l’enquête paraît être liée à des problématiques de gestion interne. Selon lui, il serait nécessaire d’abandonner les méthodes strictement quantifiables et axées sur le contrôle, pour privilégier une approche plus humaine. « On travaille avec des individus, pas des machines », insiste-t-il, rappelant l’importance d’un management respectueux des personnes.
Des tensions récurrentes
Depuis plusieurs années, le climat au sein du centre est marqué par des tensions. Dès 2021, certains membres du personnel — gardiens et éducateurs — ont saisi le Groupe de confiance de l’État afin de signaler des divergences quant à la manière d’intervenir auprès des mineurs en détention.
À l’automne 2022, les éducateurs du secteur observation avaient également entamé un mouvement de grève, exprimant leur opposition à un changement d’horaires qui allongeait les plages de travail de huit à onze heures.
Mesures en cours pour rétablir un climat serein
Du côté du département des institutions, Laurent Paoliello, porte-parole, précise que les cas particuliers ne seront pas commentés officiellement. Il confirme néanmoins la mise en œuvre de diverses actions visant à réorganiser l’Office cantonal de la détention, dont le directeur général Claude Bettex avait récemment annoncé sa démission pour rejoindre la police au 1er août.
Selon lui, les décisions prises concernant le centre de La Clairière s’inscrivent dans ce cadre de réformes, motivées par les retours sur les difficultés en ressources humaines et la qualité de l’ambiance interne. Le département se dit désormais engagé à instaurer un climat de confiance au sein de l’établissement.