Les premières répercussions des taux négatifs sur les caisses de pension en Suisse
Actuellement, les particuliers ne sont pas directement touchés par la remontée potentielle des taux négatifs. Cependant, les institutions de prévoyance sociale commencent déjà à ressentir les effets de ces politiques monétaires à travers des prélèvements sur leurs avoirs. Des frais de gestion de 0,2 % ont ainsi été appliqués par UBS, tandis que la Banque cantonale de Zurich facture 0,25 %. D’autres établissements, comme la Banque cantonale vaudoise, ont également lancé des démarches similaires.
Pourquoi certains établissements appliquent-ils des taux négatifs alors que la Banque centrale suisse ne les a pas encore adoptés ?
La réponse réside dans la détention d’obligations émises par la Confédération. Selon Jérôme Schupp, responsable des investissements chez Prime Partners à Genève, ces dettes permettent de comprendre cette situation. Il explique notamment que, pour les obligations d’État de moins de cinq ans, les taux sont négatifs, ce qui peut revenir à prêter de l’argent gratuitement à la Suisse si l’on achète ces titres.
Il précise : « Si on prend les taux de la Confédération jusqu’à cinq ans, ceux-ci affichent des valeurs négatives. Acquérir une obligation fédérale à moins de cinq ans revient à effectuer un prêt à l’État suisse sans intérêt. »
Une situation qui soulève des questions sur la direction de la politique monétaire et ses impacts sur les acteurs financiers et les fonds de pension.
Les enjeux pour les fonds de pension et leur stratégie d’investissement
Comment la fixation des taux influence les conditions appliquées par les banques
Les taux d’intérêt négatifs sur les obligations souveraines servent de référence pour établir les seuils de rémunération. En conséquence, de nombreuses banques appliquent désormais des frais ou des taux négatifs à leurs clients institutionnels, notamment les caisses de pension. Ce phénomène a des répercussions doubles pour ces derniers : d’une part, une ponction directe sur leurs avoirs déposés auprès des banques, et d’autre part, une baisse de leurs rendements.
Jérôme Schupp souligne que : « Les caisses de pension doivent respecter des critères stricts d’investissement. Elles sont tenues de détenir un certain pourcentage d’actifs suisses, comme des actions ou des obligations en francs suisses, avec des seuils minimaux. Cela limite leurs options et peut réduire sensiblement la rentabilité de leurs investissements. »
Le secteur immobilier, une alternative face à la faiblesse des rendements obligataires
Selon l’expert, cette situation pousse les caisses de pension à se tourner davantage vers l’immobilier, un secteur qui continue d’offrir des rendements plus attractifs que ceux des obligations souveraines. Ces investissements immobiliers sont également destinés à financer directement le versement des retraites. Ainsi, la montée des taux négatifs pourrait affaiblir la stabilité future des rentes en Suisse.
Le retour à des taux négatifs soulève donc des enjeux majeurs pour la prévoyance vieillesse, remettant en question la viabilité à long terme des modèles actuels et la gestion optimale des fonds destinés aux retraités.
Perspectives et enjeux futurs
Alors que la Banque nationale suisse n’a pas encore adopté de taux négatifs, la situation sur le marché obligataire pourrait continuer à évoluer, influençant directement les stratégies d’investissement et la pérennité des régimes de retraite. La prudence reste de mise pour une analyse approfondie des impacts de cette politique monétaire sur l’économie et la prévoyance en Suisse.