Au cœur des Alpes suisses, certains villages choisissent une voie différente face à l’essor du tourisme de masse. Lauenen, situé près de Gstaad (BE) et réputé pour son lac emblématique, en est un exemple concret. Depuis août, cette commune d’un millier d’habitants environ a officiellement intégré le réseau international des « villages d’alpinistes » (Bergsteigerdörfer).

Un projet alpin né en Autriche

L’initiative « villages d’alpinistes » a été lancée en 2008 par le Club alpin autrichien. Son objectif : fédérer de petites localités de montagne qui souhaitent préserver leur environnement naturel tout en développant un tourisme respectueux. Ces villages incarnent une image traditionnelle des Alpes, associée à l’authenticité et à la sobriété, loin des grandes infrastructures touristiques.

Une présence grandissante en Europe

Aujourd’hui, le réseau s’étend dans cinq pays : l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la Slovénie et la Suisse, et regroupe plus de 40 destinations. Dans le cas helvétique, cinq villages sont déjà concernés : Val Onsernone (TI), St. Antönien (GR), ainsi que Lavin, Guarda et Ardez (GR). En 2025, Lauenen (BE) et Campo, situé dans le Vallemaggia (TI), rejoindront à leur tour cette initiative.

Un tourisme pensé pour la nature

Selon Julia Isler, responsable du projet en Suisse pour le Club alpin suisse (CAS), ces villages se caractérisent par « une nature intacte, un mode de vie encore ancré localement et l’absence de grands aménagements comme les domaines skiables ou les centrales électriques ».

Pendant la crise du Covid-19, Lauenen a connu une forte hausse de la fréquentation touristique. Comme l’explique Pascal Bangerter, vice-président de la commune, cette situation a conduit la population locale à réfléchir à l’avenir et à privilégier un modèle accueillant des visiteurs en quête de tranquillité et d’authenticité.

Exemple en Basse-Engadine

En Basse-Engadine, les villages de Lavin, Ardez et Guarda ont adopté ce label il y a quatre ans. Bernhard Aeschbacher, directeur de la région touristique Engadine Samnaun Val Müstair, souligne que cette démarche permet de limiter la pression touristique tout en favorisant un développement local axé sur un « tourisme doux ».

Au-delà de la promotion, l’initiative renforce également la coopération entre régions qui partagent une même vision du tourisme durable. En 2026, la Basse-Engadine accueillera ainsi le congrès annuel des Villages d’alpinistes.

Un label qui valorise la montagne autrement

Le terme « alpinisme » doit être compris ici dans son sens élargi. Comme le précise Julia Isler (CAS), il ne s’agit pas seulement d’ascensions techniques, mais de toute activité permettant de profiter de la montagne de manière responsable : randonnée, raquettes ou ski sur de petits domaines.

Ces villages misent donc sur une identité forte autour d’un rapport équilibré à la montagne, aspirant à attirer les visiteurs qui recherchent avant tout le calme, la nature et l’authenticité alpine.

Adapté de l’article original de Michelle Schwarzenbach (SRF), adaptation RTSinfo : Didier Kottelat

By