Des défis budgétaires et des effectifs insuffisants

Eva Wildi-Cortés, directrice de l’Office fédéral de la police Fedpol, avertit que la Suisse ne doit pas devenir un refuge pour la criminalité organisée.

Des signes qui s’aggravent dans le domaine financier

Selon un rapport du Contrôle fédéral des finances publié le mois dernier, Fedpol manque jusqu’à 200 enquêteurs. Cette pénurie est jugée préoccupante alors que les réseaux criminels étendent leurs activités, notamment en matière de cybercriminalité, de blanchiment, de criminalité organisée, de trafic d’êtres humains et de terrorisme.

En matière de blanchiment d’argent, le nombre de signalements a doublé en deux ans et pourrait encore augmenter de 40% en 2025, toujours selon les informations relayées par la directrice dans l’Aargauer Zeitung.

Héritage budgétaire et enjeux d’expansion

Elle rappelle qu’il y a vingt ans, un vaste plan de renforcement avait été abandonné pour des raisons budgétaires. Depuis, Fedpol n’a pas pu se développer comme le Ministère public de la Confédération, avec lequel il collabore. Le financement demeure le principal frein.

Le Parlement discute d’un plan visant à créer entre 10 et 20 postes par an sur dix ans, mais rien n’est garanti, surtout face à la résistance de l’UDC, selon elle.

Pour couronner le paradoxe, la lutte contre le crime génère des revenus pour la Confédération : en 2021, environ 700 millions de francs issus d’activités criminelles ont été confisqués, soit le double du budget annuel de Fedpol, estimé à 350 millions.

« Plus nous sommes efficaces, plus nous contribuons aux recettes publiques », affirme Eva Wildi-Cortés.

Une stratégie nationale à l’étude

Dans l’attente de ressources supplémentaires, Fedpol décrit des cas isolés qui ne peuvent pas être reliés entre eux, tels que des cambriolages d’armureries, des explosions de distributeurs ou du trafic d’êtres humains, faute de moyens suffisants pour assurer une traque coordonnée.

La nouvelle stratégie nationale contre la criminalité organisée est en préparation et devrait être prête d’ici fin 2025. Parallèlement, l’agence envisage de nouveaux modèles de financement, notamment le réinvestissement des fonds confisqués dans les actions de traque des criminels.

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