Un voyage symbolique dans l’immensité du désert marocain
Au cœur des montagnes du sud du Maroc, de gigantesques enceintes diffusent des musiques électroniques saturées de basses, attirant un public de festivaliers qui célèbrent une fête dans un paysage désertique. C’est dans ce contexte que Luis, accompagné de son fils Esteban, entreprend une quête pour retrouver sa fille aînée disparue depuis plusieurs mois.
Un road-trip clandestin interrompu par la police marocaine
Lorsque les forces de l’ordre marocaines interviennent pour mettre fin à la fête, plusieurs participants parviennent à s’enfuir en caravane, tandis que Luis les rejoint dans cette échappée. Ce voyage improvisé doit le conduire vers sa fille, tout en lui offrant l’opportunité d’observer la marginalité de ses compagnons de route. Pendant ce temps, des radios diffusent des annonces annonçant le début d’une Troisième Guerre mondiale, ajoutant une dimension inquiétante à leur périple.
« Sirât » : un pont entre spiritualité et réalité dystopique
Titré d’après le nom du pont symbolique dans la tradition islamique, reliant l’enfer au paradis, « Sirât » entraîne le spectateur dans un voyage initiatique à la frontière du désert, évoquant autant « Le salaire de la peur » que l’univers minimaliste de « Mad Max ». Ce film propose une exploration métaphysique plutôt qu’un simple récit dramatique, illustrée par une esthétique visuelle et sonore intense.
Une expérience sensorielle et philosophique
Signé par le cinéaste franco-espagnol Oliver Laxe, ce film raconte peu à peu l’histoire de ses personnages à travers une narration évocatrice, jusqu’à une scène de rupture d’une brutalité saisissante. La démarche audacieuse du réalisateur lui a valu le Prix du jury au dernier Festival de Cannes, ex-aequo avec « Sound of Falling » de Mascha Schilinski. Entre le père cherchant sa fille et un groupe de ravers évoluant en communauté, le film invite à réfléchir sur les notions de famille, d’exclusion et de retrouvailles.
Envoûtant, planant et hypnotique, « Sirât » s’affirme rapidement comme une œuvre cinématographique marquante, mêlant philosophie et sensations physiques. Porté par une tension constante, le film fascine, ressemblant à une ultime transe au milieu d’un paysage calcaire, tandis que l’humanité semble emprunter un chemin chaotique, vers une destination incertaine…
Note : 5/5
Avec Sergi López, Bruno Núñez, Jade Oukid, Tonin Janvier, « Sirât » est visible dans les salles romandes depuis le 10 septembre 2025.