Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre dévastatrice entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR), conflit qui a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et forcé des millions d’habitants à fuir leur foyer. Selon l’ONU, il s’agit aujourd’hui de l’une des pires crises humanitaires au monde.

Attaques à El-Facher : au moins 17 morts et des dizaines de blessés

Samedi, de nouveaux bombardements attribués aux FSR ont visé la ville d’El-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord, entraînant la mort d’au moins 17 civils et blessant 25 autres, selon une source médicale locale citée par l’AFP. L’hôpital de la ville a fait savoir que ce bilan ne concernait que les victimes recensées sur place, certaines familles ayant enterré leurs proches directement, faute de pouvoir accéder aux structures de santé en raison de l’insécurité.

Une ville assiégée depuis mai 2024

El-Facher est encerclée par les forces paramilitaires depuis plusieurs mois et subit régulièrement des frappes. Le comité de résistance local, qui fait partie d’un réseau de groupes citoyens documentant les violences, a indiqué que l’attaque avait impliqué d’intenses tirs d’artillerie visant des quartiers résidentiels. L’organisation a qualifié cet assaut parmi les plus meurtriers enregistrés récemment dans la ville.

Bombardement d’un camp de déplacés

Les bombardements de samedi n’ont pas seulement touché El-Facher. À quelques kilomètres au nord, le camp de déplacés d’Abou Chouk, déjà affecté par la famine, a lui aussi été visé. Selon la cellule d’urgence du camp, plusieurs civils, dont un chef communautaire, y ont perdu la vie et au moins 20 personnes ont été blessées.

Cette attaque survient quelques semaines après une opération de grande ampleur des FSR sur le camp de Zamzam, voisin d’El-Facher, qui avait provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

Une crise humanitaire en aggravation

La situation sécuritaire a aussi provoqué une intensification des violences au Kordofan. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rapporte qu’environ 3 000 personnes ont dû quitter la ville de Kadugli en cinq jours seulement la semaine dernière en raison des affrontements.

Le Soudan est désormais fragmenté : l’armée contrôle une partie du nord, de l’est et du centre du pays, tandis que les FSR dominent l’essentiel du Darfour et certaines zones du sud avec leurs alliés. Dans les environs d’El-Facher, plusieurs camps de déplacés, dont Abou Chouk et Zamzam, ont déjà été déclarés en situation de famine.

Hausse des prix et famine alarmante

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), les familles piégées dans El-Facher font face à des prix alimentaires jusqu’à 460% plus élevés que dans d’autres régions du Soudan, notamment pour le sorgho et le blé. Les marchés et centres de santé ont été attaqués et la plupart des cuisines communautaires, essentielles pour les déplacés, ont cessé leurs activités faute de ressources.

Un responsable sanitaire local a rapporté la semaine dernière que 63 personnes, en majorité des femmes et des enfants, étaient mortes de malnutrition en seulement sept jours dans la ville.

Épidémie de choléra : situation sanitaire critique

À cette insécurité alimentaire s’ajoute une recrudescence du choléra. Selon Médecins Sans Frontières (MSF), le pays fait face à sa plus grave épidémie depuis des années, amplifiée par les déplacements massifs et la promiscuité dans les camps. Pour la seule région du Darfour, MSF a indiqué avoir pris en charge plus de 2 300 patients et recensé 40 décès la semaine dernière.

Cette combinaison de famine, d’épidémies et de violences continue d’aggraver la crise humanitaire au Soudan, où des millions de civils demeurent en situation de grande vulnérabilité.

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