La suppression de la mention de la couleur de peau dans les signalements : un choix controversé en Suisse

Fedpol, l’agence fédérale de la police suisse, justifie sa décision de supprimer la mention de la couleur de peau dans les avis de recherche par son usage marginal. Selon les déclarations officielles, moins de 1 % des signalements comportaient cette information, ce qui aurait motivé cette évolution. L’organisation souligne également que cette pratique n’est plus courante à l’échelle internationale, notamment chez Interpol, et que certains pays étrangers avaient déjà exprimé des critiques à l’encontre de termes comme « blanc », « noir » ou « rouge » dans les descriptions de personnes recherchées.

Pour Fedpol, d’autres éléments, tels que l’âge, la taille ou les tatouages, seraient plus pertinents pour l’identification des suspects, surtout à une époque où les photographies sont de plus en plus présentes dans les signalements.

Une position critiquée par certains experts et autorités cantonales

Les réserves d’un spécialiste en droits fondamentaux

Cette décision ne fait pas l’unanimité. Patrice Martin Zumsteg, spécialiste en droits fondamentaux à la Haute école spécialisée de Zurich, évoque des problématiques liées au profilage descriptif. Il explique dans La Matinale que « lorsqu’on recherche une personne précise, il est essentiel de pouvoir décrire précisément son apparence » et que l’utilisation de certains termes pourrait aussi porter atteinte aux droits fondamentaux, notamment en étant source de discrimination.

Une divergence d’approche entre cantons

Au niveau régional, plusieurs polices cantonales contestent la décision fédérale. La police du canton de Zurich, par exemple, considère que cette suppression est « peu utile » et « politiquement motivée », et elle continue à mentionner la couleur de peau dans ses propres systèmes. D’autres cantons, comme Fribourg et le Valais, ont choisi d’appliquer la directive fédérale, tandis que Genève reste encore hésitant. Pour sa part, le canton de Neuchâtel a déjà adopté une catégorisation basée sur des expressions telles que « type asiatique » ou « caucasien », qui demeure intégrée dans le système national de recherche RIPOL.

Ce débat reflète ainsi une divergence d’opinions quant à l’équilibre entre l’efficacité des signalements et la préservation des principes d’équité et de non-discrimination.

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